Jacob Cohen, né à Meknès au Maroc, est un écrivain et universitaire bien connu et apprécié du monde de la dissidence. Les autorités politiques françaises ont apparemment choisi la stratégie de l’édredon à son égard. Manuel Valls et François Hollande encaissent les coups de la part de Jacob Cohen sans jamais les rendre. Ils savent probablement qu’ils auraient tout à perdre à répondre à une personnalité juive antisioniste de grand talent. Il s’exprime en exclusivité pour Égalité & Réconciliation et revient notamment sur sa rencontre avec Gilad Atzmon.
Alimuddin Usmani : Jacob Cohen, pourquoi avoir choisi de mêler réalité et fiction dans vos livres Le Printemps des Sayanim et Le Commando de Hébron ?
Jacob Cohen : Tout d’abord je me considère comme un romancier qui aime raconter des histoires. Les miennes en général contiennent des messages et transmettent des informations. J’aime mettre le lecteur en situation de comprendre et de vivre, à travers des personnages de fiction mais assez identifiables pour la plupart, le rapport de forces au sein des institutions politiques, les pouvoirs occultes, les manipulations médiatiques, les raisons profondes qui poussent des membres de la communauté juive à travailler pour le Mossad et à se soumettre à une vision tribale.
Par ailleurs, comment parler des « sayanim » autrement que par la fiction ? Ils sont quelques milliers en France mais personne ne les connaît. Leur existence est niée. Leur force vient justement de leur infiltration secrète dans tous les secteurs de la société. Ils agissent en citoyens français, mais en réalité ils travaillent pour une puissance étrangère. Un essai sur les « sayanim » n’aurait pu être dans mon cas (je ne suis pas Gordon Thomas), qu’une suite de suppositions sans réel intérêt. La même remarque serait valable concernant les relations UEJF-SOS Racisme, la soumission de l’organisation « anti-raciste » au lobby et aux intérêts sionistes. Sans parler de leur infiltration, bien réelle mais difficile à élaborer, au sein du Grand Orient de France.
La réalisatrice franco-israélienne Esti est la créatrice d’une websérie qui pose la question suivante à des personnalités juives et non-juives : « C’est quoi être juif ? » Alain Soral a récemment répondu à Esti avec panache. Si elle vous posait la question, que lui répondriez-vous ?
Être juif, pour moi, c’est d’abord affaire de circonstances historiques de naissance et d’éducation, qui ont façonné mon être jusqu’à l’âge de 20 ans, c’est-à-dire la vie dans un vrai ghetto juif dans les années 50-60, dans des conditions modestes et sans grandes possibilités d’ouverture culturelle ou sociale, marquée en plus pendant l’adolescence par un militantisme sioniste exacerbé. Ensuite le départ de toute la famille au sens très large pour Israël. Cela laisse des traces.
Même si par la suite j’ai abandonné toute pratique religieuse et toute identification communautaire et que je me suis rangé dans le camp des antisionistes, il reste dans mon identité multiple (Arabe, Marocain, Français, Canadien, anarchiste, anti-impérialiste, etc.) un élément juif, ou une dimension juive, ou une sensibilité juive. Une petite part indéfinissable qui m’est personnelle et non-transmissible. Qui peut surprendre lorsqu’on reste scotché à des catégorisations rigides. Mais que j’assume. Un héritage, le plus important est de savoir comment on le gère.
À propos des sayanim, vous dites qu’ils sont recrutés par le Mossad par l’entremise du B’nai B’rith, la maçonnerie juive, et qu’ils sont généralement d’un très haut niveau. Le journaliste Frédéric Haziza, connu pour son activisme en faveur d’Israël, peut-il vraiment être un sayan alors que nombre d’observateurs s’accordent pour le qualifier d’incompétent et de médiocre ?
Je voudrais d’abord dire que le B’nai B’rith, la franc-maçonnerie juive mondiale, forte de 500 000 membres, représente un réservoir inépuisable dans lequel le Mossad puise ses futurs « sayanim ». Mais on peut devenir « sayan » sans être lié au B’nai Brith.
On peut trouver Frédéric Haziza abject, lâche, hargneux, minable, impoli, désagréable, stupide, arrogant et méprisant avec les faibles et servile face aux puissants. C’est aussi ma conviction. Je ne crois pas cependant qu’il soit incompétent et médiocre. Dans le sens où il remplit parfaitement le rôle pour lequel il a été désigné. Le système a besoin de centaines de personnes comme lui dans tous les médias pour faire les kapos au service d’Israël. Certes Haziza n’a ni le charisme ni les réseaux de BHL mais il s’est fait un nom et une place suffisants pour contribuer à renforcer le lobby. Sa place au sein de la chaîne parlementaire le confirme. Ses maîtres doivent être très contents de lui. Et depuis quand les journalistes en France gagnent leurs galons en fonction de leur compétence et de leur indépendance ? Le critère principal est la servilité. Franchement, Haziza est un excellent chien de garde. Regardez comment il sait aboyer et mordre ! On dirait un pitbull impatient d’en découdre. C’est à l’aune de ces critères qu’il faut juger du recrutement des « sayanim ».
Quel souvenir gardez-vous du dialogue avec Gilad Atzmon dans une brasserie parisienne ?
C’était un dialogue tout à fait improvisé. On se rencontrait pour la première fois grâce à l’entremise de Jonathan Moadab. Je venais de lire le livre de Gilad et j’en avais écrit une critique globalement positive qui m’avait brouillé avec certains antisionistes dogmatiques, de ceux qui n’arrivent pas à se libérer des diktats idéologiques imposés par le système.
Puis nous sommes allés dans un café et nous avons entamé une conversation. Et comme par magie la caméra de Jonathan s’est mise à tourner.
La vidéo, malgré les imperfections du direct improvisé, donne un bon aperçu de notre relatif désaccord sur le fond ou de notre différence de vision qui peuvent en partie s’expliquer par nos parcours personnels et le gouffre qui les sépare.
Le dialogue était chaud et passionné, parce que cela nous caractérise tous les deux, et parce que le sujet nous tient à cœur. Évidemment je n’étais pas à l’aise parce qu’il fallait exprimer un tas de concepts en anglais, une langue que je n’utilise plus depuis de nombreuses années. Et comme Gilad est impressionnant à plus d’un titre et qu’il maîtrise parfaitement son sujet, et qu’il était « avantagé » par la lumière, il en a profité mais en parfait gentleman il m’a laissé généreusement lui apporter la contradiction.
C’était un privilège de l’avoir rencontré et d’avoir conversé avec lui. Un homme avec des qualités exceptionnelles.
En juillet 2014, vous avez adressé une lettre ouverte à François Hollande en l’accusant notamment de forfaiture. Avez-vous reçu quelconque réponse ou écho de sa part ?
Rien. J’ai pourtant fait en sorte de le provoquer, de sortir des limites de la bienséance, frôlant même l’injure publique visant une personnalité politique protégée par la constitution. Je lui ai envoyé mes salutations empreintes de mépris. J’espérais une mise en examen pour une explication franche devant leur justice. Mais le « président » s’est débiné et a préféré garder un silence prudent. J’ai eu la même mésaventure avec Manuel Valls que j’ai traité entre autres de « larbin du CRIF ». Et pas qu’une fois. Lui non plus n’a pas répondu.
Je crois que c’est une politique décidée dans certaines instances de ne jamais mentionner Jacob Cohen, même pour le critiquer ou le diaboliser, de ne lui donner aucune visibilité, de ne jamais donner l’idée à quiconque de chercher ce que cet auteur a à dire. Dans les médias judéo-sionistes français mon nom est quasiment tabou même quand je participe à des conférences avec des dissidents infréquentables. Je ne crois pas que ce soit le fait du hasard.
Êtes-vous allé voir le nouveau spectacle de Dieudonné, La Bête immonde ?
Pas encore, malheureusement. Je voudrais saisir cette occasion pour saluer l’homme, l’artiste et le résistant. Dieudonné aurait pu faire une carrière fabuleuse, dans l’humour comme au cinéma, devenir riche et connaître la gloire, si seulement il avait agi comme tant d’autres. Comme ces « immigrés » de l’intérieur qu’on intègre au compte-goutte, à condition qu’ils se « blanchissent ». Mais il a tenu tête. Il faut un sacré courage. L’Histoire lui rendra justice.